L’histoire entre Ceren et moi a commencé il y a 6 ans
et a connu beaucoup de moments très difficiles.
Au mois de décembre 2020, ça faisait 3 ans que je travaillais avec elle. Je voulais arrêter la prise en charge, car malgré nos efforts, rien ne semblait fonctionner. Des petits progrès étaient là, mais pas assez vu les compétences de la fille.
Ce qui nous gênait surtout (à l’époque ma fille travaillait aussi avec elle, trois fois par semaine) c’était que Ceren ne montrait toujours pas de plaisir pour intéragir avec nous, on n’avait toujours pas été capable d’avoir une vraie relation ou connexion avec elle. Elle faisait ce qu’il fallait faire pour obtenir la tablette ou peut-être des chips, mais seulement si elle en avait envie. (et souvent, elle n’avait envie de rien)
J’ai dit aux parents que je ne voulais pas continuer la prise en charge ABA, mais que je voulais bien tenter de faire du RDI avec eux. Cela voulait dire que nous, on n’allait plus travailler avec leur fille, mais que j’allais faire du coaching auprès des parents et que seulement les parents allaient travailler avec elle. Son père était beaucoup disponible donc il a énormément travaillé avec elle, mais sa mère aussi. Il n’y avait qu’eux qui travaillait avec leur fille pendant quelques mois (!).
Les progrès étaient hallucinant. Elle faisait des choses avec ses parents tres rapidement qu’elle n’avait jamais fait avec nous ! Très rapidement elle jouait avec eux, elle les suivait et elle avait du plaisir d’interagir avec eux ! C’était génial!
Malheureusement, quand moi (ou quelqu’un d’autre) essayait de jouer avec elle, on n’y arrivait pas, comme on peut voir dans cette video de mars 2021. https://youtu.be/g8ZUyVCWJ-w
Au mois de septembre 2021 j ai pris une pause, car je me sentais démunie. Je ne pouvais pas jouer ni interagir avec elle sans qu’elle me crie dessus. Avec ses parents cela se passait toujours bien, mais avec moi, toujours pas. (je la voyais 2 ou 3 fois par mois)
Au mois de novembre 2021, sa mère m’a demandé si je pouvais travailler avec elle régulièrement, 3 fois pas semaine. Avec les confinements et le covid, j’avais le temps. Je voulais vraiment aider mais j’étais vraiment mal après chaque séance où elle me rejetait complètement et où je n’arrivais pas à la faire progresser.
Après avoir réfléchi, j’ai dit à sa mère que je voulais bien essayer de la voir 3 jours par semaine, mais que je ne voulais pas lui promettre quoi que ce soit. Je ne voulais avoir aucune pression sur moi et je voulais avoir le droit d’arrêter quand je voulais. Je ne me voyais pas faire autrement.
Ses parents ont été d’accord. (!)
Cela a tout débloqué.
Pendant 7 semaines, j’ai joué avec elle. J’étais plus à son écoute, je prenais le temps. Je m’adaptais plus à elle et j’ai baissé mes exigences.
J’ai pu jouer de plus en plus avec elle (on a mis pas mal d’animaux dans des cages construites par nous avec les aimants) et j’ai pu commencé avec quelques exercices de co-régulation, même si cela ne durait que 2 minutes au début et que ce qu’on faisait était assez « bizarre » (tourner sur une chaise).
Suite à tout cela, elle a pu aller à l’école et construire des relations avec d’autres personnes.
J’ ai déménagé en France au mois de septembre 2022.
Elle est venue ici pour une semaine, au mois d’octobre, février et cette semaine. Elle demande à sa mère d’aller me voir en France maintenant.
On n’a jamais eu autant de plaisir ensemble qu’hier en une journée.
Et les jetons … on n’en a plus besoin !
Ce sont souvent les enfants les plus difficiles qu’on pousse trop et pour qui on a le moins de compassion.
Je pense que c’est eux qui en ont besoin le plus.
Mais nous aussi, quand on travaille avec eux.
Se donner ce temps, pour créer la relation, c’est important. Parent ou intervenant.
Être à l’écoute de l’enfant, mais aussi être à l’écoute de soi-même !
Prendre le temps de se connecter à l’enfant, d’être vraiment présent et de se mettre à son niveau. Même si cet enfant semble être capable de plus et qu’il devrait faire tant d’autre choses comme parler, lire et écrire.
La relation d abord, le résultat ensuite
Pour Ceren, elle a pu rentrer dans une école adaptée grâce à tout ça, elle aime lire et elle est sociable maintenant. Tout ça c’est venu après que l’on ait (osé) lâche(r) le système de renforcement, que l’on ait travaillé la relation et que nous ayons choisi la relation aux résultats. D’abord, on a mis cela en place avec ses parents, puis avec nous. Le résultat est là !
Et elle n’est pas la seule, je ne travaille plus avec les jetons et les renforçateurs extrinsèques depuis 2 ans. Je les ai enlevés chez tous mes clients et avec mes nouveaux clients, on ne les mets pas. On met en place la relation d’abord et les résultats viennent ensuite. C’est plus long, mais ça vaut l’effort !
Hier, nous avons pu faire de la co-régulation pendant 15 minutes d’affilée … aussi avec une écharpe et un drap, choses que nous n’avions jamais fait (!). Vous pouvez le voir ; il y a du vrai plaisir partagé, des deux côtés. https://youtu.be/2uj-HUXmb00
Dans cette vidéo https://youtu.be/WoICtIE3gBUci
elle arrive dans la pièce après avoir joué avec moi avec le tambour et l’écharpe, dans la salle « vide », et elle voit une ancienne économie de jetons. Elle la met sur la table, évidemment, elle s’en souvient toujours, Caroline = des jetons, même si ça fait 2 ans que je ne les ai plus utilisés. Je pense que mon geste et ma réaction sont très parlants.
Et elle, elle dit en anglais (elle aime bien parler anglais) « Let’s get started, you can do anything you want now ! ».
Ensuite nous avons joué à un nouveau jeux. Sans jeton. Et elle a très bien participé. On voit la co-régulation.
On a fait un repas https://youtu.be/jS1WDYxh-0A aussi en co-régulation et on a fait du sport. https://youtu.be/Yy6Y3LzMG28